lundi 30 novembre 2009

George Harrison dans mon sommeil


J'ai fait un rêve étrange où il ne se passait rien. Je me souviens seulement que While my guitar gently weeps jouait à plein volume et c'est peut-être ça qui a écrasé les images. Un rêve accompagné d'une trame musicale, un genre de flottement, de sentiment semi-éveillé qui laissait toute la place aux Beatles.

I look at you all see the love there that's sleeping
While my guitar gently weeps
[...]
I don't know why nobody told you how to unfold your love
I don't know how someone controlled you
They bought and sold you.

dimanche 29 novembre 2009

Bingo

La voisine a reçu des gens chez elle, hier, ce qui constitue un exploit. On ne croyait même pas qu'elle avait des amis tellement sa vie a l'air ennuyante à mourir. L'alcool a semblé couler à flots chez elle et un bouquet de fleurs attendait on ne sait quoi dans le bac à recyclage sur le pallier entre nos deux portes.
La pré-ado fait encore du patin à roues alignées, parfois très tard le soir. L'anorexie nous vient en tête en premier pour expliquer sa fixation et sa maigreur. J'espère qu'on se trompe.
La maison louche d'en face est encore à vendre, cette fois avec un agent. Curieuse, je suis allée voir combien ils demandent sur le site internet et je suis tombée sur le cul: 259 900$, ce qui est 10 000$ de plus qu'il y a un an avec un autre agent. La folie. Cette maison est bonne pour le buldozer, il y a des mauvaises herbes de 2 pieds de haut dans les gouttières. À peu près une fois par deux semaines, quelqu'un s'amuse à lever le petit drapeau ''vendu'' et j'imagine que les proprios ne trouvent pas la blague aussi drôle que moi.
La blonde du proprio a installé un vrai sapin illuminé sur le terrain avant. En le voyant, j'ai eu un petit peu hâte à Noël. Ça m'a fait du bien.

jeudi 26 novembre 2009

En attendant la neige


Immobilité ambiante, sauf cette trace de doigt dans la saleté de la table. Il y a longtemps que la maison veille sur sa solitude. Aux murs, les cadres ont laissé des traces, formes carrées ou rectangulaires qui prouvent que cette atmosphère éthérée n'a pas toujours sévi. Dans les craques du plancher usé, des excréments de souris remplissent le vide. Sinon, rien. L'eau ne coule plus dans les lavabos rouillés, le crépitement des bûches dans le poêle à bois ne réchauffe plus la cabane. La porte qui mène aux toilettes sèches a perdu poignée, charnières et toute utilité. Le fleuve se dessine par les fenêtres embuées, au-delà du terrain laissé à lui-même et envahi par le chiendent. La charpente craque, le toit laisse fuir quelques chauves-souris, le grenier s'emplit de souvenirs sans conséquences. Sur la galerie, les boîtes à fleur servent de nids aux oiseaux. Les cèdres près de la clôture ont des airs de carnaval. La mauvaise herbe repousse l'asphalte vers la ville. Au bout du terrain, les couchers de soleil paressent et s'étirent devant les chaises occupées par les feuilles mortes. La maison s'abandonne au passage des saisons; l'hiver s'en vient.

mercredi 25 novembre 2009

Éloge de la patience


J'ai remis les pieds dans la grande institution aujourd'hui. Ça m'angoissait un peu, mais j'ai retrouvé avec naturel les couloirs vides, les marches rouges de la bibliothèque ainsi que celui qui veille sur mes mots avec bienveillance. Peu de choses ont changé. Il y a des feuilles blanches collées dans la fenêtre de mon cabinet et j'ai hâte d'essayer cette nouvelle intimité. Les fonctionnaires sont toujours rois pour me faire pogner les nerfs, avec l'habitude qu'ils ont de commencer à travailler à 10h30 à un endroit, à 10h15 dans un autre. Comme si la file d'attente devant la porte ne signifiait pas qu'ils ont du boulot à abattre... Mais ils savent s'y prendre, ils sourient, bien callés dans leur bonne humeur, ils sont efficaces et on sort de leur bureau en se disant que bon, c'était pas si pire.
À l'épicerie, une mémé a solidement pété les plombs devant la machine à canettes, jusqu'à ce qu'un employé vienne l'aider sans se soucier des cris de la dame et de ses plaintes hurlées. Mon sac de fromage dans les mains, je suis sortie en me disant que vraiment, il était un modèle à suivre.
La patience, c'est bien. Et je dois m'en armer, parce qu'on est seulement le 25 novembre et qu'il reste plus d'un mois et demi avant que je retombe dans mon projet, j'en piaffe d'impatience. YES!

lundi 23 novembre 2009

La route la nuit


Presque 24 heures plus tard, j'ai encore les oreilles qui bourdonnent de l'ambiance du Centre Bell et j'ai de charmants souvenirs en tête; un hot chicken à la Cage, le prix de la bière qui ne cesse de monter, une mémé perdue dans les hauteurs qui vomit allègrement son pop-corn sur le bras de mon amie, une défaite in extremis.
Les Yankees nous accompagnent au retour, la 40 se perd au bout des phares de la voiture, le moment est parfait. Je suis fatiguée, j'aurai mal partout demain à cause de cette partie de hockey entre copains au fond d'un entrepôt louche, mes tibias porteront les marques des bâtons et sur ma main, l'étampe du bar ne veut pas disparaître. Je porte depuis le souper des os de chameau dans mon cou et je jase de tout et de rien, les yeux fixés sur la ligne jaune qui disparaît au loin.
Et puis, coup de frein, coup de volant. Le loup qui s'était précipité sur l'autoroute a décidé de rebrousser chemin devant nous. Rien à faire. Il est passé sous la roue.

vendredi 20 novembre 2009

La conduite

Demain est un grand jour. J'irai manger gras, boire quelques consommations et m'époumonner du fin fond du Centre Bell en espérant une victoire. La route sera belle et ensoleillée et je serai assise côté passager, alors que mon amie conduira ma voiture, que je ne conduis pas moi-même.
Le même bloc de malaise et de honte qui se dépose au fond de ma gorge depuis presque 6 ans, la même pensée rationnelle qui pousse dans mon cerveau (''C'est pas dur, awèye, apprends donc, une fois pour toute, ça juste pu rapport!'') et qui se fane comme une fleur dans le désert dès que l'équation côte+clutch s'amène à moi. Au secours.
Alors demain, je blaguerai sur le sujet, je m'excuserai bêtement, elle me dira que ça ne fait rien avec un sourire en coin, je hocherai la tête, je hausserai les épaules et je me prometterai de m'y mettre, tous les soirs de la semaine, que ça en finisse.
Pfff. Je ne me crois même plus moi-même. Crotte.

jeudi 19 novembre 2009

Au ralenti


Tout était givré à ma sortie ce matin. Les semelles de mes bottines collaient au trottoir, comme une langue s'accroche au métal gelé. À peine plus loin, le soleil - immense et rouge - m'a joyeusement salué d'au-dessus des bandes de la patinoire. Ça m'a fait rire, c'était comme s'il s'échauffait avant de chausser ses patins pour la journée. Dans l'abribus, la lumière découpait délicatement les dessins formés par le givre sur la vitre et mon ombre orange s'étirait par terre, sans se presser.
Alors j'ai pensé aux "montres molles" de Dali parce que c'était exactement l'impression temporelle que j'avais, j'ai pensé à Emile Nelligan à cause du givre qui couvrait tout comme du glaçage à gâteau et j'ai aussi pensé à ce coucher de soleil du Bic que j'avais partagé en catimini, comme une coupe de vin, dans une escapade hors du temps.

mardi 17 novembre 2009

Encore une histoire de bus

La routine s'incruste dans les plus petits recoins de la vie. Ce matin, la bus portait le numéro 0903 et c'était une nouvelle bus, ouais. La porte d'en avant qui ouvre d'une drôle de façon, l'odeur de neuf qui pince les narines quand on entre tellement c'est pas habituel dans ce contexte, les bancs plus que bleus et plus que confortables. Je me suis installée à mi-chemin pour observer.
Les exclamations à l'entrée de l'autobus ("han, une nouvelle bus!"), les pas moins vifs, les habitués du fond qui stagnent près de la porte, peu rassurés par le changement, un certain malaise général qui grandit dès qu'on s'approche de l'arrière car les sièges sont placés différemment. Le clash dans la routine. La madame ne peut pas s'assoir à "sa" place, car "sa" place n'existe plus. Les têtes qui se lèvent à chaque arrêt car la sonnette tinte autrement. Les regards qui se promènent, gênés, qui font le tour du propriétaire: vais-je m'habituer à tout ça?
Ça m'a impressionné comme ça prend peu de chose pour transformer un matin. Ç'a dû alimenter pas mal de discussions autour de la machine à café.

lundi 16 novembre 2009

Quelques perles


Je sais pas si je devrais, mais en même temps je peux pas me retenir. On trouve tellement des trucs abominables et drôles en corrigeant que c'est quasiment criminel de pas les partager.
Contexte: analyser un film d'auteur, versus le cinéma populaire industriel.
-"L'action se passe dans une vieille hôpitale"
-"Si on compare aux films industrieux"
-"Il commence des étude pour devenir chanteur d'opérât"
-"Ce qui le distingue, c'est que c'est un film qui parle de la vie de quelqu'un" (mon préféré!)
Ça continue comme ça pendant une soixantaine de copie.

Et puis, je ne pense pas qu'ils enseignent encore la bonne vieille règle des poissons scies qui mangent les poissons raies. Ou s'ils le font encore, ben ça donne rien. À preuve: "Si on aurait vu un autre film", et cetera, dans toutes ses déclinaisons.

vendredi 13 novembre 2009

Bon matin


Je me suis réveillée ce matin parce que mon nez trop plein ne supportait plus la pression. Quelques coups de mouchoir plus tard, la libération. Une seconde après, je suis penchée par-dessus l'évier de la salle de bain, à regarder le sang couler et je me dis: "ah oui, j'aurais dû me rappeler que j'avais le nez sec et que je devais me moucher lentement, pour pas m'éclater une veine". Petit oubli du matin qui part mal la journée. Je me promène encore la tête dans un drôle d'angle, un kleenex dans la main pour éponger ce qui ne veut pas sécher. Tant pis.
La journée sera quand même bonne. Mon amie qui vient de si loin sonnera pour manger des crêpes et rira probablement de moi, qui est allée spécialement à l'épicerie hier soir pour acheter du sirop d'érable et qui est revenue avec plein de trucs, sauf du sirop.
Je règlerai enfin la saga des verres de contact (je l'espère) et j'irai faire des achats pour ma soeur, ouais ouais.
Je rejoindrai les petits animaux de la forêt, on s'entassera chez Bambi autour d'un verre de vin et on sera heureux d'être amis, en essayant de ne pas penser plus loin que la soirée.

mercredi 11 novembre 2009

11 du 11


La journée s'annonce parfaite. Redoux, soleil. Rien ne m'atteint, ni les gens qui crachent par terre en attendant l'autobus, ni mon nez bouché, ni mes verres de contact qui n'en finissent plus de me faire de la misère, ni le désordre, ni rien.
Kylie chante Gainsbourg, j'ai mis un chandail rose et je souris sans cesse et sans raison. J'enfile le chiffre 5 à mon palmarès et dans ma tête, je gambade comme une gamine sous un arc-en-ciel. La vie est vraiment trop cool, aujourd'hui.

mardi 10 novembre 2009

Montée de lait contre les cuillers en plastique


J'avais follement envie d'une crème de carottes ce midi et je ne me suis pas retenue. J'ai trottiné jusqu'à l'épicerie malgré mon mal de tête et j'en suis revenue avec la précieuse au bout des bras, et une cuiller en plastique dans la poche.
Je rage. Ces maudits ustensiles sont toujours mal coupés et je l'oublie toujours. Résultat: ma babine d'en haut est toute éraflée par les bords tranchants de ma cuiller, ça brûle, c'est déplaisant et ça m'enlève le goût de finir ma soupe. Je laisserai un couvert complet à mon bureau, on ne m'y reprendra plus.

vendredi 6 novembre 2009

Gnak gnak


Je me sauverai dans la maison rose en fin d'après-midi, des piles de travaux à corriger sous le bras et la hâte de retrouver les miens en tête. Je pourrais parler de plein de choses, mais en fait, je n'en ai pas vraiment envie. C'est juste une belle journée, pour plein de raisons différentes. Et je me sens bien. Fin.

jeudi 5 novembre 2009

Vite, vite, avant de retourner à mes moutons.


Ce matin, les bouches d'égout fumaient comme à New York dans "l'air cru de novembre" (a-t-on le droit de piquer des expressions qu'on aime, si elles appartiennent à une amie?) et ça donnait un petit air coquin au Boulevard Laurier, si triste le matin (oh, en toutes occasions, en fait). Les religieuses se tassaient sur les bancs d'autobus, rigolaient comme des fillettes et ça jurait drôlement avec leur coiffe grise et molle, toute cette spontanéité. Une dame distribuait gratuitement des tulipes aux gens et ça m'a impressionné de voir tant de générosité à 7h15 un jeudi, avant de réaliser que cette dame travaillait pour un nouveau billet de loterie. J'ai refusé poliment celle qu'elle m'a offerte. De toute façon, la fleur aurait été bien malheureuse dans une tasse dans mon bureau sans fenêtre.

mardi 3 novembre 2009

Tout prit feu


Ce matin, à 6h17, le ciel s'est enflammé alors que j'attendais que l'eau chauffe pour mon thé. Par la fenêtre de la cuisine, entre le bloc voisin et un restant de feuilles d'automne, les nuages semblaient crépiter, l'horizon hésitait entre le rouge, le jaune et le orange.
Sainte-Foy transformée en toile de Monet.
J'ai mangé mon bol de céréales et c'était fini, novembre reprenait ses droits et imposait à nouveau son gris terne et monotone. Je me suis presque demandé si j'avais halluciné. Des fois, on a vraiment des avantages à se lever plus tôt que la moyenne.

dimanche 1 novembre 2009

XX


Je plane sur une découverte musicale (allez vous informez chez Pierre-Luc) et je pense que c'est presque trop tôt pour écouter ça, qu'il faudrait que je m'approprie cet album plutôt lorsqu'il fera froid et noir, quelque part en février, qu'une fine neige tombera sur les trottoirs et que le soir prendra la couleur orangée des lumières des chasse-neige. Je ne sais pas pourquoi j'associe autant la musique aux saisons et que j'ai des albums d'été, des chansons de canicule et des chanteurs d'automne. 
Je regarde l'heure sans vraiment trop comprendre. Les horloges de la maison se contredisent, je m'en fous un peu jusqu'à demain matin. Après tout, c'est la fin de semaine.